Dans le plus vaste désert minéral d'Europe ...

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Deux jours de randonnée les 4 et 5 juillet 2015 dans le désert de Platé ...

 La montée, au départ de Flaine, dans le vallon de Balacha jusqu'au Col Pelouse, est l'occasion d'herboriser, sous la houlette de Pierre Schubetzer, toujours prêt à partager ses vastes connaissances...

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En ce début juillet pas encore trop frappé par la canicule, la flore est riche et variée ...

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 La montée ayant été un peu rude sous le soleil de plomb, on apprécie de trouver, sur le chemin vers le col de Platé, un névé pour se rafraîchir!

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Les éboulis sont colonisés par la linaire alpine

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le tabouret à feuilles rondes

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les silènes acaules qui savent profiter de la moindre fissure ...

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L'arrivée au col de Platé puis au sommet des Grandes Platières (2480m) réservent de magnifiques points de vue sur le massif du Mont Blanc

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Forteresse minérale, le désert de Platé est né dans un océan (dit "océan alpin") du début de l'ère secondaire au milieu du tertiaire, entre les plaques européenne et africaine. Cet océan s'est comblé de sédiments marins : calcaire riche en coquillages, oursins, coraux, stromatolites, algues, sables, etc ...

Le téléscopage de la plaque africaine a fait gicler les sédiments par-dessus la plaque européenne, formant ainsi le désert de Platé

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Au sud, sud-ouest du sommet des Grandes Platières, un circuit géologique (dont la numérotation des bornes nous a paru quelque peu obscure ...) permet d'explorer les curiosités de la "dalle de la Matolle",

Lapiés, dont plusieurs qualificatifs permettent de décrire les formes : lapiés de diaclases, lapiés à méandres, lapiés de parois, sans oublier les cuvettes, épines, nids-de-poule et autres gouffres ....

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En descendant vers le col du Colonney, une couche gréseuse rousse porte un superbe réseau de cassures courbes; formées au sein de deltas, ces dalles de grès auraient, il y a bien longtemps, affleuré au-dessus de la surface de la mer et se seraient oxydées, prenant ainsi cette teinte brune, légèrement rougeâtre

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On trouve ici de nombreuses dalles à fossiles où l'on s'amuse à repérer : les coraux solitaires, les nautiles, les oursins, les calcaires spiralés, les bivalves, les nérinées, les cérithes ... fossiles indiquant que ces calcaires sont nés dans une mer chaude et peu profonde

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En fin d'après-midi, nous arrivons aux chalets de Platé

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qui se sont lovés dans un fond de combe dominé par quelques langues de calcaire

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Juste au-dessus des Egratz, le rebord du plateau offre un point de vue unique sur le Mont Blanc et sur la vallée de l'Arve

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Au refuge, on sait ce que signifie le mot "désert" ... l'eau y est rare en ce début d'été chaud et peu pluvieux ...

Le deuxième jour, après une nuit au refuge, nous remontons au col du Colonney, pour descendre ensuite sur Flaine

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en passant par la combe de Monthieu, une dépression héritée des périodes glaciaires. Les fossiles des calcaires urgoniens de Monthieu (rudistes, nérinées, éponges corallines, coraux coloniaux , ...) nous indiquent que Platé, il y a plus de 100 millions d'années, ressemblait aux Bahamas ...

Au coeur de cet océan minéral particulièrement inhospitalier, la flore a développé des trésors d'intelligence pour créer des îlots de vie ...

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Les violettes à deux fleurs (qui sont jaunes!) sont caractéristiques des terrains calcaires

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la hutchinsie des Alpes trouve ici refuge

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Puis c'est le retour à Flaine, avec son architecture qui ne laisse personne indifférent ...

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Pour l'histoire de Flaine conçue dans les années 60 par Marcel Breuer, l'un des grands architectes américains du XXème siècle, voir les sites suivants :

http://cours.arts.free.fr/flaine.htm

et

http://www.caue74.fr/media/documents/referentiel-impression/flaine-architectures-d-une-station-balades-culturelles-en-haute-savoie.pdf

Un grand merci et bravo à Pierre de nous avoir accompagnés dans ce week-end malgré la pénible chaleur de début juillet, et de nous avoir fait profité de son érudition ...

 

(photos : Marco Marchelli et Martine Piétu)